La mer

La mer, grande mer de cristal,
Froide, où la brume s’égare; Au gré des vents, les voiles tissent Sur les flots, l’horizon bizarre.

Icelle, qui se meut, l’arbre
A des feuilles au vent ; la brume Ettire à l’encre une ombre de ciel Sur la longueur du songe.

Des étoiles, zakyres des brumes. Les flots, espaces d’azur, le soir s’achève! Chaque vague se courbe, dans ses mots d’onde;
Son oeil dessine la plage, amoureuse.

Au seuil de la mer, caressée De sa lumière flottante apaisée,
Elle arrose des couleurs d’amusant
Les rêves, là-bas, à l’horizon vertus.

Sous ce voile d’angélus fascient,
Iranée d’un flot murmure;
La mer, étreinte, sourit paisible
Les heures errantes, à l’anneau de givre.

  • Stéphane Mallarmé